Le robot ne cesse de peupler des écrits de fiction, des essais, des films et des séries. Au théâtre, sa présence a une longue histoire (le terme robot lui-même a été utilisé la première fois dans une pièce tchèque de 1920), liée à l’exploration de l’altérité, ainsi qu’aux objets théâtraux par excellence, le masque et la marionnette. Sur scène, le robot semble susciter une « inquiétante étrangeté » liée à la cohabitation d’animé et d’inanimé, de rigidité et illusion de vie. Le comportement du robot et son autonomie déterminent pourtant une altérité radicale, extérieure, qui pose la question du dépassement de l’humain. Aujourd’hui, l’interface homme-machine, la bionique, la prothétique, la nanotechnologie, suscitent des problèmes éthiques fondamentaux et stimulent l’imaginaire artistique. La scène peut constituer non seulement l’espace de multiples transpositions de ces questions et ces dispositifs, mais également un laboratoire d’expérimentation. Le projet « Scène et robotique : interactions et interrelations » vise à constituer une plateforme interdisciplinaire qui réunit ingénieurs, informaticiens, artistes, chercheurs en arts de la scène autour de la question de la sociabilité tant des dispositifs robotiques que de la pratique théâtrale. A travers la mise en commun des savoirs et des langages, ainsi qu’à la mise en place d’ateliers de création et de protocoles d’observation, nous souhaitons investiguer le potentiel relationnel et dramaturgique du robot sur scène dans ses interactions avec l’acteur et le spectateur.
Erica Magris est une ancienne élève de la Scuola Normale Superiore di Pisa, où elle a étudié la littérature et la philosophie. En 2009, elle a soutenu une thèse de doctorat en études théâtrales et disciplines linguistiques modernes, co-supervisée par l'Université de Paris 3 Sorbonne Nouvelle et la Scuola Normale Superiore di Pisa, sous la direction de Béatrice Picon-Vallin et Maria Ines Aliverti, intitulée "Théâtres élargis : les technologies audiovisuelles dans les pratiques théâtrales italiennes (1965-2005). Diplômée du CNU en sections 18 et 14, elle a d'abord été chercheuse post-doctoral à l'ARIAS-CNRS et a rejoint en 2012 le département Théâtre de l'Université de Paris 8. Elle a également enseigné à l'Université de Montpellier 3 (2006-2008) et à l'Université de Paris 3 (2009-2012). Elle s'intéresse à l'histoire du théâtre contemporain (XXe-XXIe siècles), italien et européen, notamment à l'étude des esthétiques et des pratiques créatives en relation avec les contextes culturels, socio-économiques et médiatiques. Ses activités de recherche s'articulent autour de quatre axes principaux : 1. les rapports entre le théâtre et les nouvelles technologies : les phénomènes d'intermédialité, l'augmentation numérique de la scène et l'élargissement des pratiques de mise en scène, du point de vue de la création et de la réception ; 2. l'étude des formes théâtrales documentaires ; 3. le théâtre italien, en particulier les artistes peu connus ou étudiés en France, tels que Giovanni Testori, Luca Ronconi, Virginio Puecher ; 4. l'étude comparative des cultures théâtrales française et italienne, notamment du point de vue des liens entre esthétiques, formes d'organisation et politiques culturelles.
Filacanapa Giulia , Maître de conférences en études théâtrales et italiennes à l’université Paris 8, est auteure d’une thèse portant sur la réinvention de la commedia dell’arte au service de la création contemporaine soutenue en 2015 sous la direction de Françoise Decroisette (Université Paris 8) et Anna Maria Testaverde (Université de Florence). Membre de l’ « Axe Histoire » de l’unité de recherche « Scènes du monde » de l’université Paris 8 et du Laboratoire ELLIADD de l’université Bourgogne Franche-Comté, ses recherches, soutenues par l’Ecole Universitaire de Recherche ArTeC ainsi que la Maison des Sciences de l’Homme de Paris Nord, portent sur les masques et les corps hybrides tant d’un point de vue théorique qu’expérimental ainsi que sur les processus de création et les usages sociaux du théâtre. Par ailleurs, elle combine l'activité académique avec la pratique artistique, la mise en scène et la pédagogie théâtrale dans des projets à visée internationale. Elle est l’auteure de plusieurs articles scientifiques, ainsi que de l’ouvrage Alla ricerca di un teatro perduto. Giovanni Poli e la neo-commedia dell’arte, Corazzano Titivillus, 2019, et elle a codirigé avec G. Freixe et B. Le Guen, Le masque scénique dans l’Antiquité. Pratiques anciennes et contemporaines, Montpellier, Deuxième Époque, 2022.
Plus de renseignements: https://univ-paris8.academia.edu/GiuliaFilacanapa
Salvatore Maria Anzalone est Maître de Conférences à l'Université Paris 8 et membre du Laboratoire de Cognitions Artificielles et Humaines, dirigeant le groupe Cognition et Interactions Sociales. Ses intérêts de recherche portent sur la robotique sociale, à partir de l'analyse des dynamiques interpersonnelles jusqu'au développement de comportements socio-cognitifs, dans le but de permettre aux robots d'exprimer des degrés élevés d'intelligence sociale. Il a beaucoup travaillé sur ces sujets dans le contexte spécifique de la robotique sociale d'assistance pour les enfants atteints de troubles du développement neurologique. Il a reçu une bourse de recherche JSPS par la Société Japonaise pour la Promotion de la Science (2011-2012) et une bourse de l'Institut national Japonais des Technologies de l'Information et de Communications (2013). Il a participé à plusieurs projets nationaux et européens comme le FP7 Michelangelo. Il est actuellement coordinateur du projet bilatéral franco-suisse ANR-FNS iReCheck, co-coordinateur du projet national français "Scène et Robotique" et, depuis 2017, fait partie du comité de pilotage du groupe Intelligence Artificielle et Robotique de l'Association Italienne pour l'Intelligence Artificielle. Depuis 2021, il est directeur de la rédaction de l'International Journal of Social Robotics de Springer.
Plus de renseignements: https://sites.google.com/site/anzalones/
Théo Arnulf est doctorant affilié à l’équipe d’accueil Scène du monde, création, savoirs critiques de l’UFR Arts, Philosophie, Esthétique de l’Université Paris 8 Vincennes-St-Denis. Il collabore comme stagiaire au projet Scènes & Robotique. Sa thèse "Machines et pratiques technologiques émergentes dans le théâtre et la performance" s'interesse à des artistes contemporains qui font usage de la robotique, des dispositifs et des prothèses de manière originale. Il est auteur d'un article sur l'art contemporain et la philosophie de la technique (revue Appareil) et d'un article sur le recyclage artistiques des décors (Alternative Théâtrales). Il est lecteur pour la revue Theater In Progress dirigée par Izabella Pluta, et s'occupe du bureau du colloque international : "Limites de l'humain, machines sans limites". Ses recherches ont nourri son travail d'assistanat à la mise en scène auprès d'Heiner Goebbels. Il est aussi créateur lumière pour le théâtre, notamment au sein de la cie Formosa Theater et machiniste plateau.